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Philosophie zoologique : le synopsis

PROLOGUE

Singe carnivore
Comme le chien, le cochon et le rat, homo erectus est opportuniste, grand facteur d’adaptation à l’environnement ; omnivore, il mange de tout ; d’abord cueilleur et charognard, il devient maïtre du feu, et la viande devient une gourmandise, qui engage une véritable organisation sociale basée sur la chasse. L’animal, avec qui on partage un fragile destin, devient pourvoyeur de viande, de protéine ; il devient objet de gourmandise, un produit désirable.

Zoophobies
Mais même comme ressource alimentaire, l’animal n’est pas du « végétal » ; il a la possibilité de se cacher, de s’enfuir, de devenir dangereux ; se cacher développe l’instinct du collecteur, s’enfuir celui du chasseur, devenir dangereux celui du combattant. Les humains de cette longue période ont certainement une manière pragmatique et rationnelle de classer ces espèces dangereuses...La crainte, devenue parfois pure « zoophobie » (insectes, serpents, rats...), fut tellement forte qu’elle subsiste encore aujourd’hui ; cette forme particulière de phobie n’a malheureusement pas bénéficié d’une attention particulière en psychologie et en psychologie sociale.

Sanctuaires
Parallèlement, certaines espèces restent l’objet d’une grande admiration (pour leur vélocité, leur puissance, la beauté des formes, des couleurs et du mouvement). Nous sommes au paléolithique supérieur (grotte Chauvet, 40 000 ans) : une des premières expressions artistiques des hommes sublime véritablement certaines espèces animales ; bisons, chevaux, lions, mammouths... ces espèces (et parfois quelques autres : hiboux, phoques...) nous amènent à accepter l’idée que ces grottes ornées étaient de véritables « sanctuaires » : éphémères (chamanisme ?) ou durables (initiation ?).

L’animal est alors à la fois proche de l’humain et très éloigné ; il est craint et admiré ; comme nourriture réelle et imaginaire, il est mangé et désiré ; on peut imaginer ici une infinie palette de relations aux bêtes, plus ou moins riches et complexes : selon les espèces, l’environnement, l’expérience et la mémoire.

L’AMITIE

Écologie primitive
Depuis un siècle, les ethnologues nous ont appris à connaître le mode de vie de certaines populations restées volontairement ou non en marge de la « civilisation » dominante ; nomades ou sédentaires, pasteurs ou chasseurs-cueilleurs, elles entretiennent avec l’animal une sorte d’ « amitié » (au sens de respect, d’échange, de proximité physique ou mentale) avec certaines espèces ; cette relation intime ou simplement symbolique s’inserre dans une philosophie que nous nommerons « écologie primitive » ; on pense au système naturaliste suivi par les Bouriates de Sibérie, dans lequel le chamane a pour fonction d’aider au maintien d’un équilibre de corps et d’âme entre la forêt et sa propre tribu ; si l’équilibre a été rompu par un chasseur indélicat par exemple (qui aurait négligé l’échange symbolique nécessaire : don d’objet ou exécution d’un rite), le rôle du chamane consiste à rétablir le lien avec les grands Esprits qui veillent à l’équilibre de la biodiversité.

Ancêtres
Dans un certain nombre de régions du monde (Sibérie, Amazonie, Amérique du Nord, Afrique Noire, Australie, zone arctique), ce sont souvent des espèces animales qui s’imposent comme figures totémiques (donc symboliques) : ancêtres Ours, Lions, Serpents, Baleines..., et parfois des espèces moins « impressionnantes » (oiseaux, insectes, castors...), il convient de garder d’excellente relations avec ceux qui peuvent protéger ou punir : par le climat, la maladie des hommes et du bétail, des naissances insuffisantes.
Les signes totémiques sont devenues en Europe les éléments figuratifs et symboliques des armoiries médiévales, des emblèmes politiques et sportifs, les marques et les logos ; les figures zoomorphiques y ont gardé toute leur place (Lacoste, Jaguar...).

Métamorphoses
Insectes, batraciens, reptiles,...dans leur développement ontogénétiques, de nombreux animaux sont amenés à se transformer, partiellement (plumage, peau) ou totalement (papillons, grenouilles) ; cette étrangeté zoologique va engager l’imaginaire humain dans des voies tout aussi étranges : inquiétes (les métamorphoses du Diable) ou non : Zeus (pour séduire les femmes), contes moralistes : latins, arabes, contes de fées.
D’autres espèces sont capables de se transformer dans un contexte presque immédiat (caméléons) ou parfois dans leur développement phylogénétique : mimétisme pour se fondre dans un décor (insectes, poissons) ou pour ressembler à une espèce dangereuse par exemple (papillons).

Force est de constater que ces populations qui cherchent à maintenir un rapport équilibré avec l’animal et la nature ne comptent pas beaucoup à l’échelle planétaire ; Aborigènes d’Australie ou Amérindiens d’Amérique du Nord, ils sont très peu aujourd’hui ; tous, ils sont dispersés ou marginalisés, leurs enfants sont la plupart du temps attirés par les grandes villes. Nous savons pourtant qu’ils ont tant à nous enseigner...

DOMESTIQUES 

Catastrophe néolithique
Hommes ou animaux domestiques, ils sont attachés à la maison ; pour les animaux, nous savons que la grande catastrophe se passe au néolithique (cette catastrophe que les humains nomment en général révolution). C’est d’abord le chien, il y a 15 000 ans, qui accepte le rapprochement (l’apprivoisement) contre le partage de nourriture ; puis c’est au tour du bétail (bovins, caprins, ovins) et de la volaille (poules, pigeons), puis de nombreuses autres espèces, dont l’éléphant d’Asie (celui d’Afrique reste plus rétif) qu’on va mettre au travail ou mener à la guerre, comme le cheval qui y laissera des millions d’individus. Certaines espèces vivront sous la contrainte (le ver à soie), quand d’autres resteront aux limites du contrôle, comme l’abeille ou le chat. Mais on aura expérimenté méthodiquement toutes les exploitations possibles de l’animal : pour sa viande, ses matières diverses (poils, peau, os, ivoire...), sa force de travail ou même les spectacles de cirque (grands félins que l’on « dompte »). Depuis le 19e s., la méthode moderne de domestication se nomme zootechnie, qui a largement recours aujourd’hui au génie génétique.

Consommer
L’animal chassé était pourvoyeur de viande mais de manière occasionnelle. Lorsqu’il devient bétail ou volaille, il devient progressivement un objet uniquement produit pour sa viande ou son lait. La viande est alors ce point considérée comme une gourmandise que les chrétiens vont en limiter la consommation comme s’il s’agissait d’un exercice spirituel (ce qu’on nomme « manger maigre », sorte de pénitence qui n’inclut pas le poisson, sauf le thon qui saigne).
En Inde, jusqu’à aujourd’hui, la viande reste un luxe et l’hindouisme en prescrit une faible consommation, surtout pour la caste des brahmanes jugée supérieure (contrairement à la caste des guerriers kshatriyas, qui peuvent en consommer) ; à l’autre bout de l’échelle sociale, les métiers liés à la chair morte en général sont confiés aux parias, physiquement impurs et intouchables. Plus végétariens encore que les bouddhistes du 6e s. av. J.-C., leurs contemporains jaïns évitent de donner la mort à toute créature vivante, y compris dans le cas des insectes et invertébrés.
La Chine au contraire se donne la possibilité de cuisiner tout ce qui consommable, que ce soit pour le plaisir ou pour appliquer des principes diététiques. Sauf pour les bouddhistes chinois, l’animal est dans ce cas considéré comme une pure et simple chose, dont la chair, le sang, les composés organiques ou les abats entrent dans la pharmacopée traditionnelle.

Sacrifier
Dans la société ancienne, la mise à mort d’un animal n’est pas un acte innocent ; déjà, dans certaines cultures (mais pas toutes), le chasseur pouvait demander pardon à la bête qu’il avait tuée, en fredonnant une litanie par exemple ; parfois il pouvait s’adresser à l’Esprit supérieur, par une offrande ou un don quelconque. Arrivé à bon port après le déluge, c’est encore ce que fait Noé pour remercier Dieu ; mais là, comme de nombreux peuples pasteurs, il sacrifie des animaux ; avec parcimonie certes, mais il sacrifie quand même. La Grèce antique est sur ce point un véritable paradoxe : alors qu’on l’imagine scientifique et philosophe (donc rationnelle), la peur superstitieuse des dieux la conduit à pratiquer dans les temples une véritable « cuisine du sacrifice ». Deux sectes marginales seront ainsi considérées comme dangereuses pour l’équilibre politico-religieux : les pythagoriciens d’un côté, authentiques végétariens, et à l’autre extrême les dionysiens, mangeurs rituels de chair crue.
Dans l’antiquité sacrificielle, l’Égypte ancienne fait figure d’originalité : les sacrifices des animaux y sont très rares, ceux-ci ayant le privilège d’être plutôt du côté du divin.

A partir du néolithique, on voit que l’animal sert à beaucoup de choses, comme matière première ou force de travail ; par le sacrifice, il sert aussi de nourriture aux dieux. Les Anciens mexicains, pour leur part, préfèrent offrir le sang humain. Au 6e s. av. J.-C., on voit apparaître un certain nombre de réformateurs religieux, dont Bouddha ou Zoroastre. : pour eux, Dieu n’a que faire de ces sacrifices.

FIGURES SACREES 

Zoomorphes
Peut-être que les animaux peints ou gravées sur les murs des grottes étaient déjà des figures du sacré ? nous n’en saurons rien, si ce n’est qu’ils sont là avec une certaine constance pendant des milliers d’années, et qu’ils apparaissent sans doute comme des intercesseurs avec le monde du divin. En Égypte ancienne, si les animaux ne sont pas sacrifiés, ils sont par contre constamment convoqués, dès lors qu’il s’agit d’imaginer une représentation symbolique des dieux ; pendant trois mille ans, le masque zoomorphe va accompagner le discours religieux tout au long de la vallée du Nil jusqu’aux frontières du Soudan. Parfois, comme en Grèce, les dieux peuvent être anthropomorphes, parfois ils peuvent être de simples animaux, mais la plupart du temps il s’agit d’une composition symbolique où la tête de l’animal a une place majeure, dès lors qu’il s’agit d’aider les hommes à penser ce qui leur est transcendant.
Les attributs des dieux en Inde ne passent pas par le masque zoomorphe mais par une « monture » animale, ce qui sans doute n’est pas très différent.

Vivantes
En Égypte comme en Inde, si l’on ne constate en général nulle zoolâtrie (contrairement à ce qu’avait imaginé Hérodote), l’animal peut être considéré comme l’avatar incarné du dieu qu’il symbolise ; à l’époque tardive en effet, des lions étaient protégés à Leontopolis, des Crocodiles à Crocodilopolis,etc. Ce qui n’était pas parfois sans poser des problèmes entre communautés : sur l’île Eléphantine, on s’en prit aux Hébreux mangeurs de mouton (avatar de Khnoum) ; et en guise de représailles contre ceux de Cynopolis qui mangeaient du poisson, ceux de Oxyrhynchopolis se mirent à rôtir du chien. Certaines espèces, parfois pour des raisons pragmatiques, ce sont certaines espèces qui sont privilégiées : le chat en Égypte (déesse Bastet) qui protégeait les récoltes contre les rongeurs et les serpents ; ou la vache en Inde (adorée par Krishna lui-même) parce qu’elle donne son lait.
A leur mort, en Inde, certains animaux seront incinérés, alors qu’en Égypte ils pourront être momifiés.

Signes
La figure animale est à ce point inscrite dans la représentation mentale du divin qu’à partir de l’Antiquité , elle trouve naturellement sa place dans la description des constellations (Grèce, Chine, Précolombiens...) et dans les premières écritures (hiéroglyphes égyptiens, idéogrammes chinois).
Dans l’etrusca disciplina des Romains, c’est le vol des oiseaux qui porte le message des dieux (auspicium) ou les viscères de l’animal sacrifié (extispicine).

Dès l’Antiquité, qu’il soit repardé comme une image du divin ou soumis au sacrifice, l’animal est le figurant inconscient d’un monde religieux qui lui échappe ; sauf pour les espèces sauvages dont le territoire commence à se réduire rapidement, l’animal n’est en général plus maître de son destin.

BETE PHILOSOPHIQUE 

Initiation
Héraclès, Thésée, Ulysse, Œdipe... : dans son parcours initiatique, le héros grec se devait d’affronter des monstres aux pouvoirs surprenants ; la plupart du temps, ces monstres étaient plus ou moins zoomorphes : ils symbolisaient en tout cas l’animalité, comme limite de l’humanité et de sa civilisation.
Le Moyen Age chrétien revisitant le paganisme européen, le « culte des saints » retrouve cet accomplissement héroïque au travers de la lutte contre les monstres et l’animalité : Blaise et Vaast face aux loups, Simon et Jude face aux tigres, Matthieu et Georges face aux dragons...
Le psychanalyste Bruno Bettelheim pense que les « contes de fées » et de monstres peuvent aussi servir le parcours initiatique (inconscient) de l’enfant, en l’invitant à triompher des obstacles.

Anthropomorphismes
Faisant des animaux des figurants théologiques, les Bestiaires du Moyen Age s’appuient sur une distribution assez simple : d’un côté l’armée du Christ (huppe, belette, autruche...), de l’autre celle du Diable (âne, singe, baleine...). A part l’émerveillement devant ce parc zoologique exotique, la démonstration emportait-elle vraiment la conviction populaire ? c’est assez difficile à juger aujourd’hui. Les fables animalières, partout très populaires et résolument légères, sont sur ce plan peut-être plus efficaces à enseigner la morale, autant profane que religieuse. Les animaux y devisent et agissent comme des hommes et, en Chine, en Inde ou en Grèce, personne ne s’en étonne.
A la fin du 18e s. par contre, il est plus étonnant de constater le succès réel de la « physiognomonie » : le théologien suisse Lavater y fait en effet une étude des caractères humains d’après les aspects zoomorphiques du visage (types bovin, renard, lion...). Depuis les caricaturistes comme Grandville au 19e s., la bande dessinée et le dessin animé en font leurs choux gras.

L’âme
Les animaux ont-ils une âme ? Les peuples qui vivent au contact de la nature ne se posent pas cette question ; pas plus que le monde rural au Moyen Age, avec une incidence étonnante, d’ailleurs : si les animaux ont une âme, ils peuvent être jugés responsables de leurs actes ; c’est ainsi que -jusqu’au 17e s.- la justice civile et religieuse aménage des procès très étonnants faits à une truie normande qui a bousculé mortellement un enfant ou des dauphins qui empêchent les marins de sortir du port de Marseille ; et tout ressemble en effet à un vrai procès, avec partie civile et avocat, jugement et parfois punition.
Au 17e s. Ren é Descartes, apôtre du rationalisme change l’approche générale ; les animaux, dit-il, ne sont que des « machines », sans raison, sans âme. S’ensuit un siècle de polémique dans le petit monde de la théologie et de la philosophie.

Qu’ils aient une âme ou pas, la nature métaphysique et psychologique des animaux n’intéresse pas vraiment le monde moderne : si l’animal est une simple machine, il ne connait ni le stress ni la souffrance et les anatomistes vont pouvoir s’en donner à cœur joie (vivisection) ; s’il est une « merveilleuse machine », il pourra servir de précieux modèle à Léonard de Vinci et aux inventeurs de la bionique.

NATURALISTES

Collection
Depuis l’Antiquité, les animaux « exotiques » ont toujours fait partie des vitrines du pouvoir et du prestige : pour un pays européen, posséder une girafe ou un rhinocéros n’a pas de prix. Suite aux grandes découvertes de nouveaux continents, les voyageurs officiels ou commerciaux ramassent tout ce qu’ils peuvent, et qui viendra remplir cabinets de curiosité et bientôt muséums d’histoire naturelle. Hécatombes sur place et au cours des voyages, mais au final, les collections se remplissent, et les scientifiques vont pouvoir reprendre et poursuivre les travaux d’Aristote (Histoire des animaux), en attente depuis le 4e s. av. J.-C. : classification, comparaison anatomique, reproduction, développement embryonnaire..., Buffon, Linné, Geoffroy Saint-Hilaire ou Cuvier ne manquent alors ni de travail ni d’enthousiasme, suivis en cela par des éditeurs qui n’hésitent pas enrichir leurs collections de somptueuses illustrations.

Transformisme
Mais certains scientifiques ne sauraient se contenter de classer ces collections sans avoir à réfléchir sur la dimension philosophique et théorique des nouvelles découvertes. Un des premiers à évoquer la transformation des espèces au fil du temps (le temps long que suggèrent les premiers ossements préhistoriques), c’est Jean-Baptiste Lamarck. Il affirme en effet que les girafes allongent leur cou pour s’adapter au feuillage des arbres, de plus en plus haut à cause de la désertification de la savane africaine. En soi, reconnaître la transformation des êtres vivants depuis leur création divine pouvait poser problème, mais c’est avec Charles Darwin qu’un double scandale arrive : 1/ les transformations sont dues au hasard (problèmes avec la religion), 2/ l’homme est le résultat d’une de ces transformations au sein des grands singes (problèmes avec l’anthropocentrisme).

Zoos
Avec la grande collecte d’animaux naturalisés, c’est le marché international des animaux vivants qui s’organise. C’est l’allemand Hagenbeck qui en sera le maître d’oeuvre, fournissant en effet les grands zoos du monde. Le succès de ces parcs auprès des populations (qui rêvent de pays lointains) est immense. Si dans les zones de chasse l’hécatombe continue, on cherche à mettre en valeur les animaux non seulement par des habitats exotiques mais aussi en offrant au maximum l’illusion d’une semi-liberté (plus de fossés et de vitrines, et moins de cages). Pour ajouter à l’illusion, on fera aussi venir des tribues « sauvages » pour faire couleur locale.

Aujourd’hui, les gens voyages ou regardent les documentaires ; les zoos exotiques ne font plus autant recette. Les parcs affichent une double reconversion : pour ce qui est de « l’édification du public » chère à la Révolution Française, qui décrètera la création du Muséum National d’Histoire Naturelle, on ajoutera la dimension écologie et protection de la nature ; et pour certaines espèces clairement menacées de disparition, les zoos publics et privées deviennent de véritables refuges et des lieux de reproduction.

EPILOGUE ?

Biodiversité
Dans le sillage du darwinisme et de l’histoire naturelle, une nouvelle science se développe : l’écologie. L’écologie est l’étude des écosystèmes, faisant intervenir l’environnement (si cher à Lamarck) et l’équilibre des espèces basé sur la composition ou la coopération (imaginées par Darwin). Chaque écosystème trouve une partie de sa compréhension dans un module qui lui est supérieur et ainsi de suite. Avec le dévoppement de l’espèce humaine et particulièrement depuis 1/ les échanges internationaux (16e s.), 2/ la révolution industrielle et l’exploitation intensive des ressources, on constate un appauvrissement des espèces végétales et animales (dans des écosystèmes qui ont besoin de beaucoup de temps pour trouver ou réinventer des équilibres fragiles). Les naturalistes sont quant à eux pris dans une course de vitesse : ils imaginent que des milliers d’éspèces d’espèces auront disparu avant même d’avoir été inventoriées et étudiées (pariculièrement les espèces maines, les insectes et invertébrés). L’appauvrissement de cette biodiversité engage l’avenir de l’homme lui-même, situation qu’il n’a jamais été amené à rencontrer.

Ethologie
Egalement dans le sillage du darwinisme et de l’histoire naturelle, l’éthologie (ou science du comportement animal) nous apprend à observer l’animal (en milieu naturel quand c’est possible) avec rigueur et finesse, en suivant tout un protocole destiné à perturber son mode de vie le moins possible. Ainsi, on peut étudier selon les cas ses modes de reproduction (simples ou complexes, avec des rituels ou non), sa perception des êtres et de l’environnement et ses modes de communication (olfactifs, chimiques, auditifs, tactiles ou visuels). Un concept apparaît ici très utile, celui de « territoire », qui détermine pour chaque espèce un espace de vie et de survie impératif physiquement et mentalement : c’est dans cet espace précis que se déterminent la protection de l’individu et du groupe, son alimentation et sa reproduction.

Humanisme
Dès le 18e s. la philosophie sensualiste conteste la définition mécanique des bêtes : « Ce ne sont pas de purs automates, elles sentent » (Etienne de Condillac) ; et la philosophie utilitariste anglosaxonne emboite le pas : « la question n’était pas les animaux peuvent-ils raisonner ? Peuvent-ils parler ? Mais peuvent-ils souffrir ? » (Jeremy Bentham). Le siècle suivant voit la naissance de la première Société Protectrice des Animaux. Depuis, le mouvement de défense des animaux s’est amplifié, avec diverses ramifications ; au 18e s., on évoquait la libération des esclaves ; au 20e. On s’appuie sur les luttes contre le racisme et le sexisme pour combattre le « spécisme » (Peter Singer). Au-delà de l’antispécisme, les défenseurs de la cause animale essaient d’imaginer un « humanisme général et écologique », dans lequel la grande diversité zoologique aurait sa place.

Aujourd’hui l’écologie nous aide à sortir du modèle anthropocentriste (ou tout semble fait finalement pour servir l’homme) et l’éthologie nous invite à observer l’animal comme il est plutôt que comme nous sommes (anthropomorphisme). Reste à savoir s’il peut acquérir autre chose que le simple statut d’objet ; les mentalités semblent évoluer (contre la corrida par exemple), mais les grands intérêts économiques résistent résolument. Il faudra par exemple qu’un véritable soupçon s’installe par exemple contre l’industrie alimentaire (épidémies, génie génétique, usage excessif d’antibiotiques...) pour que l’élevage intensif se transforme.


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